A bas les Préjugés
A bas les Préjugés !En matière des enfants uniques les gens se croient très experts. Dès que le mot tombe, ils lancent les formules standard : seul, égoïste, pourri-gâté… une panoplie de vices et de chagrins qu'on leur colle à la peau. Pas épargnés non plus sont leurs parents, qui refusent de mettre un terme à cette unicité.
Il y a encore un mystère autour de « l’enfant unique »: Frustré d’expérience personnelle dans ce domaine, on se fie simplement aux idées reçues, on stigmatise, on fabule sans raison - une irréflexion qui aveugle vis-à-vis de la réalité. De surcroît, marqués par cette hostilité et souffrant des jugements, les enfants uniques eux-mêmes n’ont souvent pas beaucoup de bien à témoigner non plus - ce qui étaye, à première vue, les histoires d'épouvante.
Il est temps d'arrêter ce cercle vicieux et de voir clair enfin, de rendre justice aux familles qui ont un seul enfant. Remplaçons donc les éloges sur les fratries par un regard plus équilibré... même si ça enlève à certains leurs illusions !
Voici les thèses les plus courantes opposées aux réponses d’un enfant unique comblé et épanoui. Oui, ça existe
IL EST ÉGOISTE DE NE VOULOIR QU’UN SEUL ENFANT, ON LE PRIVE D’UNE FRATRIE POUR SON CONFORT À SOI.
Vaut mieux priver un enfant d’une fratrie (dont il n’a pas besoin) que des parents sereins et à l’aise avec la vie qu’ils ont choisie! Notamment, c’est leur équilibre ou leur fatigue qui rejaillit sur la famille et sur la manière de s’occuper de leur enfant. Une vérité dont certains s’auraient mieux rendu compte avant de se reproduire une deuxième fois.
Par conséquent, il n'appartient qu'à un couple d’évaluer le nombre d’enfants qu'ils pourront élever d’une facon responsable. De se demander si leur amour, leurs nerfs et le budget suffisent pour un enfant de plus. Les autres, de quoi savoir, de quoi juger alors ?
Et lorsqu’une mère ou un père est simplement comblé(e) de son fils/de sa fille, sans désir d’en tenir un autre dans les bras, qu'y a-t-il de plus logique que de rester à ce chérubin ?
En général, c'est toujours un acte égoïste de mettre un enfant au monde. Ainsi on réalise ses propres rêves, ses idées d'une vie parfaite et combien d'enfants ca doit inclure. Parfois, ca se développe plutôt mal avec tout le monde mécontent. Et c'est là qu'on cherche à se consoler en se disant qu'on s'est sacrifiés pour de nobles raisons, lorsque l'autre enfant complique la vie. Et c’est fréquent le cas avec le deuxième car on l’assume sans réflexion, par pression de l’extérieur, en quête de se parer d’une jolie famille de quatre au lieu de se justifier de son choix "égoïste" d’enfant unique. On cède donc à la facile (à première vue) et se force à ce bébé seulement pour accomplir une tâche inévitable. Par suite, on jète des regards envieux aux familles avec un seul enfant, on leur envie le confort et l’aisance qu’ils ont gardés et en disant que ça nuit à l’enfant on leur impose une culpabilité tracassant et les presse à y mettre un terme. Très commode de se bercer dans l’illusion d’avoir agi dans l’intérêt de son premier-né, ayant lui donné le frère ou la sœur indispensable pour son bien.
Malgré le confort lié à la vie avec un seul enfant, par rapport au stress avec plusieurs, ce point se discute. Rappelons-nous les voix qui affirment que dans une famille normbreuse les gosses jouent ensemble et s'occupent l'un de l'autre, ce qui soulage les parents de leurs responsabilités et leur accorde plus de temps à eux. Ca, c'est pas égoiste, non?
Finalement, le choix de rester une famille de trois est tout à fait un renoncement. En décidant de n'avoir qu'un seul bébé, un couple se prive alors du prestige social et de la chaleureuse reception dans le cercle des bonnes familles. La résistance aux pressions posées par l'extérieur, ca fait preuve d’un sacré courage ! Surtout une femme qui opte contre un deuxième bébé subit tant d'animosité pour offrir une enfance heureuse à son trésor unique, pour ce qu'il grandisse dans des conditions salutaires - et c'est ni de l'égoisme ni de la paresse.
Il est donc plutôt égoïste de mal assumer plusieurs enfants pour de stupides raisons et en ne faisant qu’un seul, on agit dans l’intérêt de celui-ci.
Chacun a le droit de vivre à ses idées – et ceux qui veulent imposer les leurs à tout le monde, ce sont eux les égoïstes.
LES PARENTS QUI AIMENT VRAIMENT LEUR ENFANT EN SOUHAITENT UN DEUXIÈME.
Loin de là, le nombre d'enfants n'est pas proportionnel à l'amour du couple. Comme déjà expliqué, de multiples facteurs entrent en jeu et à l’inverse on pourrait constater: Les parents aiment tellement leur bibou qu’il les comble !!
Evidemment, ne vouloir qu'un enfant est tout aussi naturel que le désir d'en avoir plusieurs. Ce sont les conventions de notre société qui nous poussent aux choix dénaturés, tels que faire un bébé malgré soi pour se plier aux attentes de l’entourage et pour « compléter » un autre déjà présent.
EN NE FOURNISSANT PAS DE FRÈRE OU DE SŒUR, LES PARENTS LAISSENT LEUR ENFANT SEUL.
Non, il a sa maman, son papa et peut-être les grands-parents, les cousins/cousines..., il profite d'un riche esprit, d'un amour-propre stabilisant et il peut se créer son réseau social à choix. Plus tard, c'est à lui de fonder une famille avec l'homme ou la femme qu'il aime.
En bref : L’enfant unique n’est pas seul, il est épargné un rival à la maison et pour le reste aussi bien entouré que tout le monde !
LES ENFANTS UNIQUES SONT PRIVÉS DES RICHESSES ENTRE FRÈRES ET SŒURS, JAMAIS NE CONNAÎTRONT-ILS CE LIEN SPÉCIAL ET ÇA LEUR MANQUE TOUTE LA VIE.
Pas forcément. L’importance qu’attachent plein de gens à leurs frères et sœurs n’empêche que pour d'autres c’est l’état le plus normal de vivre sans – ou il le serait, si on les laissait tranquilles avec les terribles jugements !
L’absence d’une fratrie ne constitue pas un vide mais fournit des richesses dont le reste passe à côté. L'un se confie à sa soeur, l’enfant unique est fusionnel avec maman. Les familles nombreuses s’amusent bruyamment, l’enfant unique a développé un riche monde d’intérieur et la capacité de se suffire à lui-même, d’apprécier le calme. C’est un troc, rien d’autre. Les uns n’ont pas de frère, d’autres grandissent sans père, ne connaissent pas leurs grands-parents ou n’ont jamais vraiment éprouvé de l’amour dans la vie… à chacun sa biographie.
Il est préferable de vivre la solidarité, la confiance, le partage hors de la famille. Ce sont des contacts choisis avec qui on a souvent davantage en commun et surtout, la rivalité qui rend les fratries très conflictuelles ne figure pas. C’est vrai qu'avec sa meilleure amie on n'a pas les mêmes racines, mais c’est OK. A l'âge adulte, il arrive qu'on se sent seul sans être unique, parce que de la part du frère ou de la soeur c'est l'indifférence qui prévaut.
Plus petite une famille est, plus elle est soudée. Les oncles, tantes, nièces, neveux, c'est bien mais dispensable et certainement non-primordial dans la qualité de vie. Pas la peine d’imiter tout ce qu’on voit dans les parages, même si certains se laissent tenter aux pleurnicheries.
Quand l’enfant unique a envie de fonder une grande famille à lui, rien ne l’empêche et si son conjoint ou sa copine vient d’une fratrie, voilà alors les turbulences convoitées. Les visites mutuelles (+ les brouilles), des traditions (+ les mortifications), les fêtes animées… Et là, énervé, noyé dans le stress, on réalise peut-être quel tort on a fait à sa propre petite famille qui a son charme aussi, les réunions calmes où on peut mieux se dédier à chacun…
Bref, ça ne mène pas loin de comparer les deux modèles de famille pour en identifier le meilleur. C'est comme plaindre un enfant de campagne parce qu’il est privé de la vie culturelle en ville ou le petit citadin parce qu’il ne grandit pas dans le vert.
PETITS LES ENFANTS UNIQUES S’ENNUIENT À MOURIR, ILS GRANDISSENT DANS UN MILIEU D’ADULTES ET MANQUENT DE COMPAGNONS DE JEU.
Heureusement, un enfant a plein d’occasions de s’amuser avec ses pairs, n’importe qu’il a des frères et sœurs ou pas. C’est plutôt que l’enfant unique profite d’un choix dont les enfants de fratrie sont privés : Lorsqu’il a envie d’être seul, il s’épanouit dans une maison calme où il est à l’abri des bagarres étant monnaie courante chez les frères et soeurs. Il n’a pas à supporter le bruit qu'ils font avec leurs copains, il peut ranger ses affaires sans qu’elles soient pillées. Et ayant envie de voir du monde, l’enfant va chez ses amis et vice versa, il invite ses cousins/cousines, il se promène, va au club sportif… toujours avec l’option de fermer la porte et de se retrouver dans l’univers paisible avec maman et papa. Ces deux « vieux », ce sont les personnes qu’il aime le plus au monde – et bien qu’ils ne peuvent lui offrir les chamailleries et les folies de gosses : il n’en a pas besoin 24h/24 ! On profite d’autres plaisirs, tous les trois, et l'enfant n’a aucune raison de se cantonner dans sa chambre. Il préfère jouer avec maman, attentive et câline, suivre ses parents dans leurs sorties... toute la famille est à table et bavarde, on passe les soirs ensemble dans le living-room, regarde la télé… et c'est OK d’avoir ses moments à soi, de jouer seul ou de bouquiner tranquillement. On y trouve son compte, pourvu qu’on ne glorifie pas la pagaille dans une famille normbreuse ! Etant donné la différence d'âge (et parfois de sexe) entre les frères et soeurs, c'est pas vraiment une compagnie idéale. A l’adolescence, on préfère bien s'échanger avec les copains et plus l’enfant grandit plus il jouira de la complicité avec maman et papa, plus on se comprend mutuellement. Et ceux qui ont, pour n'importe quelles raisons, mal vécu leur unicité, faut pas le généraliser !
En résumé, avec des parents affectueux et disponibles, assez de choses à sa disposition, un riche monde d’intérieur et beaucoup de contacts, un enfant unique ne s’ennuiera pas un jour.
L’ENFANT ÉTOUFFE DE L’ATTENTION DE SES PARENTS.
Mais quelles idées les gens se font… Oui, effectivement, l’enfant unique possède tout pour lui ce dont les autres gamins rêvent: Il se réjouit d’être l’inconditionnel numéro 1 pour maman et papa, de recevoir intégralement leur câlins, leurs paroles en conversation, de pouvoir se joindre à eux sans les déranger - bref, d’occuper une place pour laquelle leurs amis de classe se font la guerre à la maison avec leurs frères-sœurs ! Maman et papa ne surveillent pas l’enfant, ils l’aiment et l’accompagnent avec plaisir et chaleureusement. On partage son quotidien, ses songes, ses histoires l’un avec l’autre en tant que famille !
Une famille n’est pas nécessairement divisée en parents d’un côté et gamins de l’autre. L’absence des frères-sœurs permet une unité entre parents et enfant qui est une belle compensation, ni malsain ni un défaut, mais simplement une différente configuration familiale. Cet argument abstrus sert-il à glorifier une réalité triste ? A soulager la conscience des mères qui se dégagent de leurs gosses pour « souffler » ? D’ailleurs, si entre frères et sœurs les enfants se suffisent en bonne partie à eux-mêmes, dans la petite famille ce sont l’enfant et les parents qui se suffisent. Simplement question d’habitude.
C’est un paradoxe : Une fois, on reproche aux parents d’enfant unique de vaquer trop à leurs libertés en laissant leur pauvre enfant seul et puis, on se soucie qu’ils l’étouffent de l’amour !
C'est pas l'attention qui est néfaste, mais l'abandon.
Tournons-nous vers les stéréotypes de caractère, tout en soulignant que « l’enfant unique » n’existe pas. Sans doute aurez-vous constaté que leur caractère varie justement comme celui des aînés, des cadettes et des enfants au milieu, idem leur fond familial et leur biographie. On a l’habitude d’expliquer les mauvais traits de comportement par le statut d’enfant unique – ici nous expliquons les positifs ! « L’impact du statut d’enfant unique sur la personnalité », il est salutaire, en dépit de la logique ordinaire !
LES ENFANTS UNIQUES SONT DES ÉGOïSTES, ILS NE PENSENT QU’À EUX ET IGNORENT LE PARTAGE.
Cette idiotie a la vie dure, mais pour apprendre à partager il ne faut pas le faire constamment par obligation. La générosité à contre-coeur entre frères et soeurs n'engendre pas automatiquement des altruistes, bien à l'inverse. Il y a des gens issu d’une famille nombreuse qui, par suite d'une enfance de frustrations et de bagarres, sont plutôt radins et jaloux. Et d’autres, sachant qu’ils sont les seuls à la maison, choyés, habitués à posséder tout pour eux, sont alors ravis de pouvoir offrir des choses. La réalité réfute les stéréotypes insupportables et met fin aux illusions d’un automatisme d'après lequel nos peines nous font progresser. Ce n'est pas la dispute fraternelle qui sensibilise aux besoins d’autrui, mais la mentalité dans laquelle un enfant grandit. Le fait d’être gratifié d'une belle vie est même favorable, favorisant la générosité dans le sens qu'il permet d’accorder cette expérience également aux autres, créant le voeu de transmettre les richesses connues à ses proches - comme l’illustre ce récit d’une mère de fille unique :
« Je peux vous jurer que ma fille est tellement contente lorsqu'elle a des amis à la maison qu'elle leur donnerait tout. En contrepartie, lorsqu'elle va chez des voisins où il y a plusieurs enfants ce sont eux les égoïstes. Comme ils doivent toujours se battre pour avoir quelque chose, ils ne sont pas enclins à le partager. J’ai vu des enfants avec une boîte de biscuits dans les mains aller se cacher derrière un arbre pour en manger le plus possible pour ne pas partager. Moi je peux vous dire que ma fille se promène avec la boîte et s'assure que tout le monde a eu sa juste part. »
Les études constatent que les enfants uniques ont tendance à être moins attachés à leur propriété parce qu’elle ne leur est jamais piquée. Prêter leurs affaires, en revanche, est une occasion spéciale ! Ayant appris le partage dans un cadre modéré et non à contrecoeur, on le vit donc comme quelque chose de ravissant et se réjouit de faire plaisir aux personnes qu'on aime.
LES ENFANTS UNIQUES SONT CAPRICIEUX ET ÉRPROUVENT DES DIFFICULTÉS SOCIALES PUISQUE À LA MAISON CE SONT DES ENFANTS ROIS.
C’est idiot qu’un enfant doit cohabiter avec un autre pour s’adapter bien ailleurs. Le quotidien offre plein d'occasions pour qu'il comprenne que le monde ne tourne pas autour de lui et pour faire la connaissance d'autrui sans avoir à partager le terrain familial. Niveau socialisation la fratrie est un facteur parmi d'autres et notamment les parents d’enfant unique tiennent à fournir des contextes dans lesquels leur petit peut faire les apprentissages necessaires.
Ceci dit, ces apprentissages se font chez lui aussi à la maison, en famille qui se compose de trois personnes et où peut donc bien régir la humanité et des règles. le climat dépend des parents et en fonction de leur modèle leur petit évolue. un enfant s’identifie à ses parents et apprend à être sociable par leur façon de se comporter, d’être attentifs à lui et entre eux. C'est là que les valeurs telles que l’humanité, le respect de chacun, la politesse se transmettent, où on intègre le principe « donner et recevoir ». Tant que les parents savent mettre des limites, leur bambin ne sera pas un enfant roi. Là aussi pas besoin d’une fratrie pour comprendre qu’il y ait des conséquences quand on a fait quelque chose de mal.
Les lieux principaux pour de telles leçons sont en tout cas la maternelle et l’école qui structurent les enfants et les habituent à la vie en groupe, où chacun attend son tour, s'échange avec d'autres, fait sa place - et ça suffit.
Contrairement aux idées reçues, l'absence des frères-sœurs à la maison stabilise l’enfant et lui procure des chances et des libertés salutaires niveau caractère et développement. Protégé de la compétition pour l'amour parental, des bagarres déstabilisant, nuisibles à l'estime de soi, l'enfant unique grandit dans une ambiance harmonieuse, aimé par ses parents sans compter, ce qui lui permet de prendre confiance en lui. En toute sécurité de manifester librement son opinion, ses pensées, sa personnalité, il qu’il est un individu autonome, valorisé sans compagnon (frère/soeur) à son côté. Cette assurance, stabilité intérieure facilitent l’échange avec les autres, être sincère dans son comportement et mieux gérer les rejets, les déceptions. les enfants de plus grandes familles ont, en revanche, plutôt appris à s’intégrer dans le groupe, à s'adapter à l'autrui sans être assez solidifiés dans leur soi. Une place privilégiée au sein de la famille et une socialisation réussie ne s'excluent donc pas l'une l'autre, c'est plutôt un mélange parfaite, comblé par une saine dose d'individualité !
Ceci dit, le seul lieu où un enfant unique fait des caprices est dans l'imagination des gens.
De surcroît, "caprice" est un de ces mots qui s'interprètent à multiples facons. Il y en a qui confondent caprice simplement avec caractère, à qui il paraît inoui d’avoir une opinion hors de la moyenne, de rester à l’écart pendant que les autres se rassemblent… et aimer la solitude, ça alors ! On trouve cette conduite donc « capricieuse », « égocentrique » - des synonymes pour « antipathique » et « inintelligible ». Dans l'ordre des idées que nous venons d'aborder, il se peut bien qu'une personne de famille nombreuse ait une conception différente dans ce domaine qu’un enfant unique. Et persuadée que la sienne est vraie, car en accord avec les normes recues, basée sur les expériences sacrées de fratrie, on moralise et juge d'emblée !
Voilà un témoignage à illustrer cet aspect :
« Egoïste ? oui, beaucoup de personnes disent ça… Enfant j'étais très soigneuse de mes affaires et quand j'avais les cousins/cousines qui débarquaient à la maison, je cachais tous mes jouets !!! C’était parce qu’à chaque fois qu'ils venaient, on me cassait un jouet ou déchirait une robe d'une poupée... ça m’énervait !! donc j'ai eu souvent ces remarques : EGOISTE ! je ne les trouve pas très justifiées quoique… »
Qui a droit ici ? L'autrice est-elle réellement égoïste ou s'agit-il d'un jugement hâtif ? Il faut constater que certains trouvent tout ce qui n’entre pas dans leur étroite vision du monde « capricieux » ou « égoïste » et que cela joue aussi dans le cas des enfants uniques. En prime : N’est-ce pas que, à partir du moment où leur unicité est connu, ils sont déjà catalogués comme insupportables, avant même d’ouvrir la bouche ? Qu’on surveille un « enfant unique » de tout près, avide de pouvoir confirmer les clichés ??
LES ENFANTS UNIQUES SE REPLIENT SUR EUX-MÊMES.
C’est un terme péjoratif pour un atout majeur d’enfant unique : profiter de la solitude tandis que les autres en souffrent. Là encore, il serait indiqué de respecter les expériences et habitudes différentes de l’autre. La solitude procure des occasions de se récueillir, de vaquer à ses pensées intimes, se s'apaiser – ce qui constitue un bon équilibre avec les moments de collectivité, en couple, en famille, entre amis. Mais naturellement, des enfants uniques issus d'une famille très ouverte où on recevait beaucoup de monde de sorte que la maison ne soit guère tranquille, ils seront sûrement moins à l'aise avec la solitude que ceux ayant passé plein de soirées dans leur chambre devant l'ordinateur.
Il est un avantage dans la vie de se sentir bien à soi. Les gens qui n’ont jamais eu accès à cette faculté ont du mal à comprendre, néanmoins, il n’est pas à eux de juger, mais uniquement à la personne elle-même si ça lui convient. Il est insupportablement simpliste de vouloir mettre les hommes tous dans le même moule : sociable, gai… une triste uniformité. Inversement, on pourrait critiquer : Les personnes de familles nombreuses sont très inautonomes, ils ne se connaissent pas eux-mêmes, ont toujours besoin de compagnie pour remplir le vide au fond d'eux, c’est déplorable !
La question n’est donc pas si les enfants uniques ont tendance à être plus individualistes, mais s’ils sont équilibrés et heureux de leur position dans la vie.
Et, il fallait s’y attendre:
LES ENFANTS UNIQUES SONT POURRIS-GÂTÉS !
Gâtés oui, dans un sens (disons « privilégiés »), mais certainement pas pourris. C’est une insulte symptomatique pour l'arrogance de certains se permettant de définir à leur guise ce qui est bon et ce qui est beurk. Un peu de respect d’autrui serait convenable.
En général, les parents d’enfant unique tiennent beaucoup à ce que leur enfant connaisse la valeur de l’argent aussi que les frustrations et qu’il sache bouger pour ce qu’il veut avoir. Pourtant, il est inévitable qu’il jouisse de plus de confort que ceux qui ont à partager avec frères et sœurs. ça coule de source, pour l’unique enfant de la famille il y a plus de moyens disponibles – un état heureux qui ne révèle rien sur l’éducation reçue, sur les valeurs qui lui ont été transmises. A cet égard l'attention que les parents consacrent à leur ange unique se prouve même avantageux, pour lui donner des repères, veiller à la construction de sa personnalité. Tant de bonnes choses à investir en lui! Les enfants avec frères-sœurs mais délaissés, mal parlés, par contre, en quoi sont-ils mieux éduqués et moins pourris ?
Pauvreté n’est pas vice – mais confort ne l’est non plus ! Et si les gens tenaient vraiment à ne pas gâter leurs enfants, pourquoi beaucoup d’entre eux bossent-ils pour acheter les affaires de marque ?? Si le luxe ne leur importe rien, pourquoi font-ils de monstrueux efforts pour s'offrir trois semaines de vacances, anxieux que personne ne s’aperçoive de leurs soucis financiers ? La vérité, c’est que de nos jours tout le monde veut nager dans un luxe maximum, soi-même et pour sa progéniture. Sous cet éclairage, ce n’est pas nécessairement que les enfants uniques sont d’affreux gâtés, mais peut-être que les familles normbreuses se privent à contrecœur et sont jalouses !
Etre offert un joli cadeau, faire les activités dont on a envie, choisir au lieu de se contenter des trucs laids et bon-marché, ce sont des moments de bonheur, des facteurs qui enrichissent considérablement une enfance. Et les uns les vivent plus, des autres moins souvent. C’est tout. N’oublions pas que la situation économique de la famille est décisive aussi. Maman étant solo ou papa au SMIC, leur unique enfant ne sera alors pas tellement nanti. ça démontre d’autant plus à quel point il est ridicule de crier « pourri-gâté » dès que ce mot fameux tombe.
Ceux qui critiquent le confort des autres, ils sont pourris non par luxe mais par envie !!
L’ENFANT UNIQUE PORTE SEUL LES ESPOIRS DE SES PARENTS – UN LOURD FARDEAU !
Peut-être moins lourd que le fardeau que constituent les frères et sœurs : la rivalité tout au long de la vie, l'impression d'être moins aimé par maman et papa. Un enfant unique, au revance, il est libre de telles angoisses - et pourquoi éprouver une pression particulière ? C’est un facteur lié non à la taille de famille, mais seulement à la personnalité. Une femme qui s'est préservé une vie à elle, au dela de son rôle maternel, n'aura pas besoin de se définir par les réussites de son enfant. On se sent béni par sa présence et rien ne repose sur lui, sauf l’amour et la volonté de le soutenir sur sa voie. L’enfant se sent alors accepté tel qu’il est et c’est l’important. Si les notes ne sont pas superbes, le petit trésor possède d’autres qualités. Et une fois le petit ange devenu adulte, les liens sont bons et proches, on s’aime, on téléphone, on se rend visite l’un à l’autre et c’est tout – où est le problème ?
Jetons un coup d’œil sur les fratries et leur lot quotidien : qui rend les parents plus fiers, qui a davantage d’affinités avec maman, qui est plus beau, sportif, a les vêtements hyper-cool, plus de copains… une compétition féroce, parfois au détriment de son soi. La jalousie, les complexes fragilisent. On est pressé de tenir tête, voit ses défauts continuellement mis en relief. Le grand frère peut bien compenser l’échec du cadet – et être le chouchou des parents ? Difficile de cacher une préférence, d’investir autant dans tous les enfants, côté amour et budget... « Moi, je fais tant de problèmes et ma sœur, elle est la vedette… » Ainsi, la fratrie impose des rôles dont on ne pourra guère s’affranchir, elle hypothèque la vie. Quel plaisir alors de détourner le sujet en soulignant les fardeaux fictifs d’enfant unique !
Et c’est juste le problème. Traités de pitoyables, sans cesse averties que leur situation est anormale, reprochable, malsaine, ni parents ni enfant n'ont vraiment la possibilité de bien la vivre. La question s'impose : « Maman et papa ne sont-ils pas déçus de n’avoir que moi ?? » Tant pis si en effet, ils auraient bien voulu agrandir la famille ! La sensation de ne pas suffire étant seul, car les parents le regrettent, ca peut pousser l’enfant alors à performer, à vouloir compenser le manque déploré par ses parents. En allant au-devant de leurs souhaits, on veut réussir pour deux - et ça ne marche pas, bien sûr.
Par ailleurs, c’est une illusion qu’avec le nombre d’enfants le bonheur parental s’augmente. Les contraintes, les responsabilités se multiplient aussi et on a l'impression de se priver à cause des gamins. Un enfant unique, lui, il n’a aucuns remords à cet égard: Jamais n’est-il ressenti comme un mioche dans les pattes pour lequel maman et papa ont dû sacrifier leur propre vie.
LA VIE ADULTE EST DURE POUR L’ENFANT UNIQUE : IL N’A PERSONNE POUR SE SERRER LES COUDES ET SES PARENTS VIEILLISSENT, CONNAISSENT LA MALADIE ET IL DOIT ASSUMER TOUT ÇA SUR SES PETITES ÉPAULES. LE JOUR OÙ ILS DÉCÈDENT, IL SE RETROUVE TOUT SEUL AU MONDE.
Quel récit d’épouvante ! Mais heureusement, là aussi tout dépend de la facon dont on vit les choses : Si on rêve d’une fratrie idyllique et glorifie ce qu’on n’a pas, on trouve des occasions innombrables de se sentir privé. Et surtout on ferme les yeux à toute preuve du contraire… une façon de penser qui enchaîne beaucoup d'enfants uniques à leur vœu des frères-sœurs tout au long de la vie.
Cependant, il n’en faut pas pour se débrouiller et pour jouir d’une existence géniale sans manque ou regret. Nos proches, ça peuvent être la mère, la meilleure amie... pas exclusivement les frères-sœurs qui nous comprennent, nous soutiennent, nous remontent le moral. Beaucoup s’en sortent sans, ayant coupé les ponts. Le « poids » ou le « fardeau » d’enfant unique dont on raconte des romans, la question se pose ce que c’est. Etant donné le nombre croissant des enfants uniques s'estimant heureux, plutôt une chimère hantant les esprits qu’un fait réel. Chanceux est en tout cas celui qui possède une certaine autonomie au lieu de s’en remettre toujours aux amis ou liens de famille, recherchant leur aide, leurs conseils pour les charges dont on ne se sent pas à la hauteur.
Se retrouver seul face aux affaires de famille est donc moins terrifiant que présumé. Tant que les parents sont vivants, on peut se tourner vers eux et quant à leur vieillissement, il n’est pas certain qu’il implique des maladies et de lourdes épreuves. De nos jours, les hommes jouissent en général d’une bonne santé jusqu’au grand âge et donc d’une indépendance et activité remarquables. En cas de besoin, une petite famille aura sûrement plus de moyens pour s’offrir un maintien à domicile ou une institution de meilleure qualité. Enfin, on n’a pas investi sa fortune dans l’éducation de trois enfants. Il ne faut pas se concerter avec un frère ou une sœur quant aux mesures à prendre, bien sûr qu’il serait commode de s’appuyer sur quelqu’un (ou: se décharger de la responsabilité ?) mais plus important est-il de disposer d’un esprit courageux, résolu de maîtriser la situation, et des parents compréhensifs envers les angoisses, les difficultés de leur fils ou de leur fille. Dans ces conditions, le vieillissement de la mère et du père ne requiert pas l'immiscence des frères-sœurs mais est tout à fait une responsabilité à prendre.
Perdre ses parents est dans la logique des choses et pas la fin du monde, non plus pour un enfant unique. La certitude d’avoir profité l’un de l’autre au maximum atténuera la douleur tout aussi que l'appartenance à une famille à lui l'assurera que les liens familiaux persistent – malgré les plaintes courantes désignant les frères-sœurs comme seul ancre de salut ! C’est clair que compagnon/ne et enfant(s) ne partagent pas le deuil d’un parent comme le feraient des frères-sœurs – mais ils sont là, aident à surmonter le chagrin et pleurent leur belle-mère ou mamie…
Reste à espérer que beaucoup d'entre nous découvriront qu'être le seul enfant de la famille ne signifie pas être seul au monde et que les affinités, l’amour, les passions communes unissent très très fort. Combien y a-t-il, par contre, de disputes entre frères et sœurs pour l’héritage ? et d’histoires semblables. N’est-ce pas les guéguerres fraternels qui compliquent souvent la vie ? ça, c’est le poids des familles normbreuses et bien sûr un moins populaire sujet de conversation.
Il y a un principe simple: regretter rien, c’est manquer de rien !
Qu’est-ce que c’est, le « fardeau d’enfant unique » ? Ce sont les jugements abjects !!